Expériences d'anciens boursiers
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Tous les anciens Boursiers MEXT sur cette page font partie de JSAA Q/A (Association des Anciens Boursiers du Japon Québec/Atlantique), une association regroupant des anciens récipiendaires de bourses du Gouvernement du Japon, incluant les Bourses MEXT, « Japan Foundation Fellowships », et autres.
JSAA Q/A cherche à encourager les expériences d'éducation interculturelles et à contribuer au renforcement des liens unissant le Japon au Québec et aux Provinces atlantiques. Concrètement, ses membres collaborent avec le Consulat dans la promotions des opportunités d'échange, informent et guident les postulants potentiels, parrainent les nouveaux récipiendaires et participent activement aux activités et évènements au sein de leur communauté locale.
Pour contacter les membres de JSAA Q/A, visitez leur groupe Facebook ou envoyez un courriel à jsaamtl@gmail.com.
Témoignages à découvrir
- Benoit Champagne
Bourse « Research Students » / Université de Niigata / Politique et Relations internationales - Ronan da Silva
Bourse « College of Technology Students » / Miyakonojo National College of Technology / Génie Biologique
Bourse « Research Students » / Université de Kobe / Biologie - Daniel De Lisle
Bourse « Research Students » / Université d'Ibaraki / Géographie physique, télédétection, océanographie - Alexandria Dugal
Bourse « Research Students » / Université préfectorale de Kyoto / Histoire japonaise moderne - Francisco Garcia-Navarro
Bourse « Japanese Studies Students » / Université de Hiroshima / Études japonaises
Bourse « Research Students » / Université Meiji / Contenus numériques - Chénier La Salle (vidéo)
Bourse « Japanese Studies Students » / Université Nanzan / Études japonaises
Bourse « Research Students » / Université de Nagoya / Économie et politique japonaises - Nicholas Milette
Bourse « Japanese Studies Students » / Université de Hiroshima / Études japonaises - Nataliya Pekar
Bourse « Japanese Studies Students » / Université Tokyo Gakugei / Études japonaises - Guillaume Pelletier
Bourse « Research Students » / Université de Tokyo / Architecture - Henry Tsang
Bourse « Research Students » / Université de Tokyo / Architecture - Christopher Yorke
Bourse « Research Students » / Université de Tokyo / Philosophie
Benoit Champagne
Boursier « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’avril 2015 à mars 2018
- Université de Niigata
- Spécialité : Politique et Relations Internationales
- Sujet : « Discours politique japonais autour du conflit des Îles Senkaku »
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Introduction
Mon nom est Benoit Champagne et je suis responsable des ventes internationales pour la Brasserie de Sake Urakasumi, située dans la préfecture de Miyagi. Mon expérience japonaise a commencé relativement tôt, au Cégep, alors que je pratiquais déjà, par pure curiosité, mes hiragana. Par la suite, bien que facultatif, l’apprentissage de la langue japonaise pendant mon année d’étude en échange étudiant à l’Université de Nagoya m’a été très utile lors de mes années en tant que boursier MEXT à la maîtrise à l’Université de Niigata. Apprendre dans un environnement duquel le français et l’anglais sont pratiquement absents m’a permis d’acquérir un niveau de japonais élevé et d’entreprendre des recherches plus spécialisées dans mon domaine, de profiter d’une immersion culturelle accrue, et surtout, d’élargir mes horizons vers un tout nouveau domaine qui est devenu ma passion : le saké.
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Ce que le Programme de Bourses MEXT m’a apporté
S’il y a une chose dont je me sens le plus privilégié, c’est d’avoir participé à ce merveilleux programme qu’est celui des Bourses MEXT pour les étudiants en recherche. Pouvoir entreprendre gratuitement mes études postuniversitaires tout en acquérant de manière permanente une troisième langue de communication s’est révélé être une expérience des plus bénéfiques. Être diplômé d’une université japonaise apporte aussi une énorme valeur à mon curriculum internationalement. L’obtention d’un emploi au Japon n’a par ailleurs été qu’une question de quelques jours alors qu’un étudiant japonais régulier nécessite en général près d’un an. Cette valeur ajoutée à mon curriculum m’a permis, en moins d’un an au sein de de la Brasserie de Sake Urakasumi, de gérer ses exportations vers 26 pays. Je doute fort que j’aurais pu en faire autant en si peu de temps en sortant d’une université canadienne.
L’Université de Niigata
La plupart des enseignants universitaires au Japon parlent anglais, ce qui facilite les premiers contacts. La réputation de l’université et sa localisation peuvent être des facteurs déterminant dans votre choix, mais le plus important est la concordance de votre projet de recherche et de la spécialisation de votre superviseur. Il ne faut donc pas hésiter à chercher les bases de données de professeurs, faire les premiers contacts, lire leurs écrits, etc. Avec un plan d’étude clair et précis qui inclut explications et justifications des placements souhaités à votre dossier de candidature, vos chances augmentent drastiquement. Donc, le meilleur conseil : Commencez tôt vos recherches !!!
Alors que la plupart des boursiers en devenir choisissent les grandes université telles Tokyo, Waseda, ou autres, sur ma demande de Bourse MEXT, seule l’Université de Niigata y était inscrite. Pourquoi Niigata? Combien de fois m’a-t-on posé cette question... D’abord, son emplacement éloigné des grands centres permet une immersion complète dans un environnement dans lequel l’anglais est souvent inutilisable. Résultat : on acquiert un meilleur niveau de japonais et les cultures locales sont mieux comprises et ressenties. Ensuite, le coût de la vie y étant nettement inférieur à celui des grands centres urbains, avec la moitié de l’allocation mensuelle, je pouvais me loger, me nourrir et payer tous les frais de services publics. Le reste pouvait donc être investi dans ma recherche ou ma vie sociale. Les emplois étudiants deviennent alors des formations, et non des nécessités. Enfin, Niigata est une préfecture majeure en termes de culture du riz, de fabrication de saké, et de ski, et est à peine à 1h45 de Tokyo, ce qui en fait tout de même une place centrale pour baser ses études. Finalement, avoir arrêté mon choix sur Niigata m’aura donné une liberté inespérée dans l’accomplissement de ma recherche et m’aura poussé à m’intéresser aussi à des domaines externes à ma spécialisation, enrichissant par le fait même ma recherche.
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L’après-MEXT
Après quatre ans d’études à l’étranger, j’ai maintenant des contacts, tous domaines confondus, dans plus de 20 pays. Les multiples échanges culturels faits auprès d’étudiants japonais et internationaux ont eu un impact immense sur ma vision du monde et ont été à la source de mes plus grandes introspections.
Le Programme de Bourses MEXT a surtout été un tremplin pour débuter ma vie professionnelle. Aucune dette d’études, un emploi stable et bien rémunéré immédiatement après la remise du diplôme, une immersion dans une des plus grandes fiertés culturelles du Japon (le saké), et la possibilité, en tant que responsable des exportations internationales de la brasserie, de faire le tour du monde et revoir tous ces chers amis du temps où j’étais étudiant. Europe, Australie, Asie, etc. : nombreux seraient surpris de voir jusqu’où le saké se rend. Ces avantages que j’ai au niveau professionnel, je les dois principalement à cette opportunité qui m’a été octroyée par le Gouvernement du Japon.
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Conclusion
En participant au Programme de Bourses MEXT, c’est un monde d’inattendus qui s’offrira à vous. Je ne connais aucun boursier dont le plan d’avenir n’a pas été drastiquement modifié pour le mieux par son expérience au Japon. Échanges culturels, approfondissement des connaissances, diplomation, expériences professionnelles, rencontres amicales ou même amoureuses, tous mes confrères et consœurs ont vu leur vie basculer pour le mieux. Aux intéressés, je vous souhaite fortement de joindre les rangs des boursiers MEXT et, qui sait, peut-être nous rencontrerons-nous autour d’un délicieux saké en criant « Kampaï ! »
Ronan da Silva
Boursier « College of Technology Students » et « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’avril 2006 à mars 2012
- Miyakonojo National College of Technology / Université de Kobe
- Spécialité: Génie biologique / Biologie
Le départ vers le Japon
Comme beaucoup d’enfants au Brésil, écouter des anime et tokusatsu à la télé faisait partie de mon enfance. Avec le temps, je suis devenu de plus en plus intéressé par la culture et la langue japonaise, mais ce ne fut que lors de mes études universitaires que j’ai découvert que vivre et étudier dans ce merveilleux pays était une possibilité. Par pur hasard, un ami, qui est aujourd’hui mon mari, m’a fait part d’une affiche sur le Programme de Bourses MEXT qu’il avait vue dans le Département de langues de notre université (nous étions tous les deux étudiants du Département de biologie), mais la séance d’information était déjà passée. Nous avons alors contacté le Consulat japonais local directement et en toute hâte monté nos dossiers pour la demande de bourse. À l’époque, je n’avais pas la moindre idée que cela changerait ma vie au complet.
J’ai postulé pour la Bourse « College of Technology Student », ce qui offre un diplôme de premier cycle dans le domaine de l’ingénierie. Après avoir complété les examens de mathématiques et de chimie extrêmement difficiles, j’étais certain que je ne serais pas sélectionné, mais je me trompais. Cinq mois après l’examen, j’ai reçu un appel du Consulat m’apprenant que la bourse m’avait été attribuée! Je suis parti au Japon en avril 2006, j’y ai habité pendant 6 ans et j’ai quitté le pays une personne complètement changée.
L’arrivée au Japon et l’école de langue japonaise
Mon arrivée au Japon s’est faite tout en douceur. Tout a été organisé par le Programme de Bourses MEXT, incluant le vol et le transport de l’aéroport de Narita au dortoir de Komaba, où j’ai vécu pendant un an. Peu après, le cours de japonais offert par le programme a commencé. Le cours avait un rythme très rapide, avec 6 heures de classe par jour, 5 jours par semaine. Je trouvais cela très excitant et motivant; chaque jour m’apportait de nouvelles choses à apprendre. À la fin de l’année, j’ai noté que mes efforts avaient été récompensés : j’ai obtenu le certificat N2 du « Japanese Language Proficiency Test » (JLPT, litt. test d’aptitude en langue japonaise) et je me sentais capable de tenir une conversation normale au quotidien.
En dehors de la salle de classe, vivre à Tokyo était très excitant. Le dortoir, dans l’ensemble, avait un calendrier social très actif. Il y avait des foires culturelles, des courts voyages à des endroits touristiques proches (Mont Fuji et Nikko, entre autres) et des soirées cinéma, pour ne mentionner que quelques évènements. Le monde qui y habitait était très uni et il y avait un sentiment de grande famille, ce qui me procurait un important soutien dans ce pays étranger.
Voici mon petit conseil pour les nouveaux boursiers MEXT : dédiez votre temps initial au Japon (normalement 6 mois pour les étudiants à la recherche et 1 an pour les étudiants de premier cycle) à apprendre la langue et absorber le plus de culture que vous pouvez. Je suis certain que vous serez impatients de commencer vos recherches ou vos études le plus tôt possible, mais cela peut attendre. Acquérir une certaine compétence linguistique et développer un cercle social et culturel va sûrement faire progresser votre travail beaucoup plus vite à long terme!
Le début de mon cours principal : de la métropole à l’inaka
Une fois le cours de japonais d’un an à Tokyo complété, j’ai joint le Miyakonojo National College of Technology, dans la préfecture de Miyazaki. Je dois avouer que déménager de la plus grande métropole du monde à une ville d’à peine plus de 160 000 habitants fut un grand choc. Ma « famille d’amis de Tokyo » s’est séparée alors que chacun de nous est parti à son collège et j’ai perdu ma bulle sécuritaire d’étudiants étrangers.
Mais ce fut le moment où mon investissement dans l’apprentissage du japonais a été récompensé. J’ai été proactif en me joignant à des clubs d’activités et j’ai fait des efforts pour interagir le plus possible avec mes camarades de classe. En peu de temps, j’ai commencé à me sentir intégré et à profiter de la vie à Miyakonojo. Mon activité préférée était le Club de cérémonie du thé, qui me permettait d’en apprendre davantage sur la culture et l’histoire locale tout en développant des liens avec la communauté. J’avais aussi une « famille d’accueil » qui m’invitait souvent à me joindre à eux pour des excursions touristiques ou pour dîner chez eux, en échange de mon aide avec leur ordinateur! Tout cela m’a fait me sentir tout à fait chez moi à Miyakonojo. J’ai commencé à aimer le rythme tranquille de la ville rurale et j’appréciais être abordé non pas comme un étranger mais comme un membre intégré de la société.
De retour à la grande ville : de Miyakonojo à Kobe
En 2010, j’ai fini mes études collégiales et j’ai obtenu une extension de ma Bourse MEXT pour continuer mes études universitaires. J’ai alors intégré le Département de science de l’Université de Kobe pour poursuivre un Baccalauréat en biologie et investi tous mes efforts dans la progression de ma carrière scientifique. Peu après être entré à l’université, je me suis joint bénévolement à un laboratoire qui faisait de la recherche dans mon domaine d’intérêt (les neurosciences). Je me suis aussi fait beaucoup d’amis avec qui je suis toujours en contact. Globalement, ce fut une période de croissance et d’indépendance accrue en tant que jeune adulte.
Après l’obtention de mon diplôme : où m’a mené la Bourse MEXT ?
En 2012, j’ai reçu mon Baccalauréat en sciences, ce qui a marqué la fin de ma Bourse MEXT. Bien qu’il existait la possibilité d’obtenir une bourse au niveau de troisième cycle, je voulais avoir l’opportunité de vivre dans un autre pays pour continuer mes études; ce qui m’amena à poursuivre un Doctorat en neuroscience à l’Université McGill. La vie que je menais au Japon me manque énormément, alors j’essaie de m’impliquer autant que possible dans la communauté japonaise à Montréal. Grâce au Consulat Général du Japon à Montréal, j’ai pu interagir avec d’autres anciens boursiers MEXT. De plus, je suis récemment devenu membre du Comité exécutif de la nouvelle Association des Anciens Boursiers du Japon Québec/Atlantique (JSAA Q/A, de l’anglais « Japanese Scholarship Alumni Association Quebec/Atlantic »), ce qui me permet d’organiser des évènements sociaux, de rencontrer des gens et d’entretenir des liens avec la culture japonaise en participant à des activités avec la communauté locale.
Bien qu’un peu de temps se soit écoulé depuis que j’ai quitté le Japon, le bagage d’expériences acquis au cours des 6 ans où j’y ai habité est un cadeau que j’aurai toujours avec moi. Au Japon, j’ai appris à être une personne attentionnée qui prend les besoins d’autrui en considération. J’ai aussi appris à agir comme un membre de la société et à penser au bien collectif. Je serai toujours reconnaissant au Programme de Bourses MEXT de m’avoir fourni l’opportunité de vivre à l’étranger et de grandir en tant qu’être humain. En partageant mon expérience ici, je souhaite inspirer des jeunes étudiants brillants à faire ce courageux plongeon dans la merveilleuse aventure que représente être un boursier MEXT.
Daniel De Lisle
Boursier « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’octobre 1999 à mars 2001
- Université d'Ibaraki
- Spécialité : Géographie physique, télédétection, océanographie
- Sujet : Les dynamiques côtières telles que vues de l’espace
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Je suis l'incarnation même de l'éclosion tardive. J'ai reçu ma bourse du MEXT à l'âge de 35 ans, mais mon premier périple au Japon remonte à 1991, pour participer à un Symposium sur la Télédétection organisé par l'Agence Spatiale Japonaise, JAXA. Après la conférence, j'ai réussi à trouver une famille d'accueil grâce à un programme de jumelage; nous avons passé une semaine ensemble, et avons gardé contact depuis ce temps. Je suis retourné au Japon en 1995 durant mes vacances, après un contrat de six mois en Indonésie.
Mon expérience MEXT a débuté avec une petite affiche dans un couloir de l'Université du Québec à Rimouski, où j'effectuais des études supérieures en océanographie : « Scholarship to Study in Japan ». Elle avait été affichée depuis un bon moment, et je n'avais que peu de temps pour compléter ma demande à temps pour l'échéancier. J'ai réussi à rassembler les papiers en toute hâte, et j'ai trouvé un professeur spécialisé en ingénierie côtière à Ibaraki University qui s'intéressait à ma recherche.
En tant que spécialiste en télédétection, j'analyse de l'imagerie par satellite pour observer les comportements et les dynamiques des zones côtières à travers le temps, en superposant de l'imagerie provenant de diverses périodes. Ma zone de prédilection était le delta du Nil en Égypte, où j'examinais les comportements de la zone côtière depuis la construction du barrage d'Aswan en 1964. J'ai proposé d'appliquer des techniques semblables pour étudier le comportement de la zone côtière japonaise à travers le temps. Bientôt, je me suis retrouvé dans un avion et le jour suivant, dans une salle de classe pour un test de compétence langagière en Nihongo. Avec le décalage de 13 heures, je me suis endormi sur mon examen… que j'ai échoué. Néanmoins, j'ai remarqué une étudiante philippine qui passait le même examen que moi. Nous nous sommes retrouvés dans le même cours, et elle allait devenir mon épouse peu de temps après.
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Après ma formation intensive de six mois en langue japonaise à Tsukuba, je suis déménagé à Hitachi pour étudier l'ingénierie côtière à Ibaraki University. Malheureusement, ma nouvelle flamme devait rester à Tsukuba pour ses propres études en enseignement. C'est à ce moment qu'a commencé le trajet hebdomadaire de trois heures entre nos deux villes. J'ai rapidement fait l'acquisition d'une automobile, appris à conduire du côté gauche, et mémorisé le chemin de campagne qui traversait les rizières. Nous nous sommes mariés en kimono/montsuki dans une chapelle catholique, et avons passé deux semaines à Kyoto pour notre lune de miel. Notre première enfant est née au Japon, et n'avait que trois mois lorsque nous sommes revenus au Canada au terme de notre séjour.
Mon expérience MEXT a connu une fin imprévue. Non seulement croyais-je que j'allais vivre au Japon jusqu'à la fin de mes jours, je ne m'attendais certainement pas à revenir au Canada avec une famille. Se marier et avoir un enfant à l'étranger signifie beaucoup de paperasse, et des visas et des passeports qui requièrent beaucoup de patience, mais ça valait vraiment la peine!
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En revenant au Canada, j'ai décroché un emploi à l'Agence Spatiale Canadienne et je coordonne encore des activités de collaboration avec la JAXA. Je garde mon intérêt pour le Japon en vie en confectionnant des chawan (bols à thé) dans mon humble atelier de poterie.
Il est très important pour moi de rester connecté avec MEXT à travers le Consulat Général du Japon à Montréal. Je me suis porté volontaire pour être actif dans l'Association des Ancien(ne)s et je soutiens les activités promotionnelles. C'est ma façon de montrer mon appréciation, et de donner au suivant.
Mon conseil : demeurez ouvert d'esprit, et essayez de vous adapter autant que possible. Il est facile de se conformer et d'agir comme les locaux, mais essayer de s'inscrire dans un milieu étranger tout en restant soi-même (et respectueux des autres!) est tout aussi bien considéré au Japon.
Alexandria Dugal
Boursière « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’avril 2013 à mars 2016
- Université préfectorale de Kyoto
- Spécialité : Histoire japonaise moderne
- Sujet : Les écoles catholiques pour filles au Japon durant la Guerre du Pacifique
Disons que vous avez été sélectionné(e) comme récipiendaire d'une Bourse MEXT et que vous avez choisi votre université. En écrivant un courriel à votre superviseur pour en apprendre davantage sur votre programme, sur la vie universitaire, à quoi vous attendre à votre arrivée, vous découvrez que votre université n'a pas de programme international, ni de programme d'échange, et encore moins un dortoir pour les étudiants internationaux.
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Je suis tombée en amour avec le Japon lorsque j'étais au secondaire, et j'ai étudié pendant deux ans à Kumamoto Gakuen University dans la ville de Kumamoto durant mes études au premier cycle universitaire, mais étudier au Japon aux cycles supérieurs était une expérience tout à fait différente. Si c'est également votre cas, il y a quelques aspects à prendre en considération vis-à-vis de votre expérience, et comment celle-ci pourrait varier en comparaison à un séjour d'études dans une université avec un réseau de soutien bien établi pour les étudiants internationaux.
Premièrement, il est possible que vous soyez l'unique représentation internationale dans votre université. Peu (ou aucune) présence internationale signifie habituellement l'absence de cours de langue japonaise (à moins de les prendre avant d'amorcer officiellement votre programme). Toutefois, cela signifie aussi une immersion complète dans la langue et dans la culture japonaise, et vous n'aurez d'autre choix que de vous améliorer! Et vous vous améliorerez sans aucun doute. Votre charge de cours vous prendra sans doute plus de temps que pour vos collègues japonais, mais vous tirerez beaucoup de chaque tâche qui vous sera assignée: lecture et préparation de résumé de livres et d'articles, discussions durant les séminaires, recherches, et présentations orales.
Deuxièmement, si vous êtes parmi les rares étrangers de votre université, il se peut que vous trouviez l'intégration à la communauté universitaire difficile. Comme moi, votre professeur superviseur et vos collègues étudiants dans vos séminaires seront une source significative de soutien durant cette période, donc prenez le temps de faire connaissance avec eux! Si votre université offre des ateliers pour les étudiants internationaux pour rencontrer vos collègues japonais (comme des cours de cuisine japonaise, des activités traditionnelles comme la préparation du matcha, ou des excursions d'un jour vers des sites célèbres), assurez-vous de participer! C'est une excellente façon de vous lier d'amitié avec des pairs japonais, de pratiquer votre japonais, et d'apprendre davantage sur la culture, l'histoire, les coutumes, la nourriture et le mode de vie du Japon.
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Une fois passée l'adaptation à la vie au Japon et à la conversation en japonais, profitez au maximum de vos congés scolaires! Voyager est l'un des meilleurs aspects de la vie au Japon. Il est facile de se déplacer à travers le Japon pour un coût raisonnable par autobus, par train, par métro, par tramway, par avion et par train à grande vitesse. Les applications de cartographie et l'achat d'une carte IC (une carte de trajet rechargeable qui peut être utilisée dans les transports en commun comme alternative à l'achat de billets) peuvent faciliter encore davantage les excursions. Prenez le temps de rechercher les attraits touristiques de l'endroit où vous habitez, comme les temples, les châteaux, les marchés, les parcs, les rivières et les artères commerciales. Le Japon est reconnu pour ses magnifiques paysages et pour son histoire, donc prenez avantage de votre séjour au pays pour les découvrir au maximum. Économisez pour visiter les attractions célèbres durant les périodes les plus ravissantes, mais aussi les plus achalandées : explorez les dunes sablonneuses de Tottori ou la verdure des temples kyotoïtes comme le Sanzen-in durant l'été, les sakura (cerisiers en fleur) aux environs des temples et des châteaux comme Himeji et Hikone en avril, les feuilles d'automne à travers le pays en octobre, et les majestueux paysages enneigés à Hokkaido durant l'hiver. Après le loyer et la nourriture, j'ai pu consacrer une partie de mon allocation mensuelle pour voyager, et je crois qu'il s'agit d'un des aspects les plus gratifiants d'une expérience d'études dans le magnifique pays qu'est le Japon.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que vos études sont la raison de votre séjour au Japon. Si votre sujet nécessite des recherches, profitez au maximum de votre temps là-bas pour rassembler des documents et de l'information, au cas où vous souhaiteriez les utiliser pour une maitrise ou un doctorat dans le futur (si vous complétez vos études au Japon après la période de recherche). Ne vous laissez pas décourager par les cours difficile, le choc culturel ou le mal du pays, et sachez que votre accès à la Bourse du MEXT est à la fois une réalisation remarquable et une formidable possibilité! Profitez du Japon, apprenez autant que possible, et représentez bien le programme. Une fois revenu au Canada, vous serez rassuré(e) d'apprendre que votre lien au Japon peut demeurer bien vivant en participant à des sessions d'orientation pour les nouveaux boursiers MEXT et à d'autres activités culturelles; partagez votre expérience, et continuez à contribuer aux programmes du MEXT pour les futurs boursiers!
Francisco Garcia-Navarro
Boursier « Japanese Studies Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’octobre 2004 à septembre 2005
- Université de Hiroshima
- Spécialité : Études japonaises
- Sujet : Survol des caractéristiques modernes du dialecte de Hiroshima
Boursier « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’avril 2007 à mars 2010
- Université Meiji
- Spécialité : Contenus numériques
- Sujet : Une approche structurelle à l’apprentissage des kanji dans un environnement numérique
![]() avec une collègue boursière du MEXT |
Lors d'une visite au Centre Culturel Canadien-Japonais de Montréal, alors que j'étais adolescent, j'ai rencontré des professeurs exceptionnels qui m'ont fait découvrir leur pays et leur langue, et qui m'ont marqué par leur gentillesse et la fibre créative qui les animait.
Ce n'est que des années plus tard, grâce à des professeurs que j'ai rencontrés pendant mes études à l'Université de Montréal, que j'ai eu la chance d'aller au Japon pour la première fois, d'entendre parler des bourses offertes par le Ministère de l'Éducation du Japon (MEXT), et éventuellement d'entrer en contact avec celui qui deviendrait mon directeur de recherche.
L'intérêt d'étudier au Japon en 2007 pour moi tenait d'abord et avant tout au fait que l'art du sous-titrage y est pratiqué d'une manière particulière dû aux contraintes linguistiques et techniques qui l'ont influencé tout au long de l'histoire du cinéma et de la télévision. Il va sans dire qu'il m'aurait été impossible de mener ce genre de recherche dans mon université canadienne et de faire la transition vers un programme de recherche multidisciplinaire qui fut créé à Meiji l'année suivante où j'ai obtenu une maîtrise en contenus numériques.
Selon moi, le programme de bourses d'études du Gouvernement japonais est l'un des plus généreux et excitants au monde. Toutes les régions du pays sont accessibles, les possibilités de recherche sont pratiquement infinies et une fois que l'on a arrêté son choix sur une université, celle-ci s'occupe de nous donner les outils nécessaires pour réussir, que ce soit par l'offre de cours de langue, par l'accès aux laboratoires spécialisés ou par l'octroi de subventions pour prendre part à des conférences.
De plus, les programmes d'études et de recherche placent le boursier dans une situation très avantageuse par rapport aux autres programmes du fait que l'on est entouré de jeunes et moins jeunes adultes qui ont pour la plupart décidé de poursuivre des études supérieures de leur propre initiative, ce qui fait qu'ils ont une très grande motivation pour apprendre et qu'ils ont beaucoup à apporter à leur discipline. Sans avoir à s'inquiéter d'assumer par soi-même le coût de la vie et les frais de scolarité, l'étudiant peut entièrement se consacrer à ses études ainsi qu'à toutes les facettes de la vie étudiante.
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L'apprentissage de la langue japonaise m'a offert un aperçu des idées, des références culturelles et des modes de pensée qui habitent d'une manière ou d'une autre l'esprit des Japonais et je suis fier de dire qu'elle a changé ma façon de voir le monde. Bien qu'il soit maintenant possible de poursuivre des études au Japon en anglais dans certains programmes internationaux, je vous recommande fortement de prendre le temps de compléter quelques niveaux de japonais avant votre départ, car votre connaissance de la langue et votre compréhension des mœurs du pays déterminera en grande partie le niveau d'accomplissement que vous atteindrez durant vos études et le degré de satisfaction que vous en retirerez.
Lorsque vous reviendrez au Canada, vous vivrez probablement un deuxième choc culturel. Le niveau de commodité, la ponctualité, l'esthétique, le goût du travail bien fait, le sentiment d'appartenance, l'affabilité des gens, etc., auquel le Japon vous aura habitué vous manquera terriblement. Le passage d'un milieu académique collaboratif et stimulant à un environnement professionnel où tout est à refaire pourra en déstabiliser plus d'un. Et ceci est une bonne chose, car vous souhaiterez maintenant plus que jamais nourrir les liens qui vous unissent au Japon ainsi qu'à votre domaine d'études, en cherchant activement à les maintenir dans votre vie personnelle et professionnelle.
Les activités organisées par le Consulat Général du Japon à Montréal et les réceptions en l'honneur des anciens et des nouveaux boursiers du MEXT sont une occasion pour moi d'accomplir tout cela et de donner en quelque sorte une deuxième vie à mon séjour d'études. Ma participation au salon « Study and Go Abroad » et aux sessions d'orientation m'ont permis de rejoindre une nouvelle génération d'étudiants et de valoriser mon expérience dans un esprit de camaraderie et d'entraide entre senpai et kōhai.
Chénier La Salle
Boursier « Japanese Studies Students » du MEXT
- Séjour au Japon : de 1994 à 1995
- Université Nanzan
- Spécialité : Études japonaises
Boursier « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : de 1997 à 2000
- Université de Nagoya
- Spécialité : Économie et politique japonaises
Témoignage vidéo
Chénier La Salle, Délégué général du Québec à Tokyo depuis l'été 2022 et ancien Consul du Canada à Nagoya, discute de son expérience d’études au Japon en tant que récipiendaire d'une Bourse MEXT, et des nombreuses portes que cela lui a ouvertes, menant à une impressionnante carrière!
* Date de l'entrevue : mars 2021
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Nicholas Milette
Boursier « Japanese Studies Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’octobre 2013 à septembre 2014
- Université de Hiroshima
- Spécialité : Études japonaises
En 2009, je suis parti faire un programme d'immersion d'un an au Japon avec l'organisme AFS Interculture Canada. Au moment de mon départ, je ne connaissais quasiment rien du Japon et parlais encore moins la langue, mais je savais que je voulais découvrir une nouvelle culture et le Japon m'apparaissait comme une destination de choix. Évidemment, je suis rapidement tombé en amour avec ce pays. À mon retour, j'ai donc continué mon apprentissage de la langue et de la culture japonaise à l'université et c'est avec grand enthousiasme que je suis retourné étudier au Japon grâce à la bourse « Japanese Studies Student » offerte par le Ministère de l'Éducation du Japon (MEXT).
Ce qui m'a le plus frappé de mon expérience en tant qu'étudiant d'échange MEXT à l'Université d'Hiroshima, c'est l'encadrement, le support et la générosité dont j'ai bénéficié tout au long de mon année. Dans presque tous les aspects de ma vie au Japon, que ce soit pour trouver un appartement, pour choisir mes cours, ou simplement pour rencontrer des gens, une multitude de services m'étaient offerts par l'université et jamais je ne me suis senti perdu ou seul dans mon expérience.
Une grosse partie des programmes MEXT est évidemment le côté académique, et je dois dire que mon expérience fut des plus enrichissantes de ce côté. J'ai été amené à produire un travail de recherche en japonais, un projet étalé sur toute la durée du programme, sous la supervision d'un professeur de l'université d'Hiroshima, et à suivre plusieurs cours intensifs de japonais. Non seulement mon niveau de japonais a-t-il progressé drastiquement, j'ai également acquis des compétences en rédaction et en recherche qui me sont encore utiles à ce jour alors que je complète une maîtrise en études est-asiatiques à l'université McGill.
L'expérience MEXT ne se limite cependant pas aux cours et à la recherche. Que ce soit à travers les nombreuses possibilités de rencontre avec les étudiants japonais de l'université, ou grâce aux multiples activités extra-scolaires offertes par l'université, l'étudiant MEXT est amené à découvrir la société et la culture japonaise directement, chose évidemment impossible en dehors du Japon. Qui plus est, la générosité des bourses MEXT permet de profiter de tous ce qu'un échange au Japon a à offrir en toute tranquillité d'esprit.
Maintenant que je suis de retour au Canada, je ne peux m'empêcher de m'ennuyer du Japon, des gens qui y habitent, de la vie que j'y ai menée, de la nourriture... Même si je serai toujours un peu nostalgique, les diverses activités organisées par le Consulat Général du Japon à Montréal me permettent de garder un lien avec le Japon, d'être en contact avec les anciens et nouveaux étudiants MEXT, ainsi que de participer à l'effort pour faire connaître à d'autres tout ce que les programmes MEXT peuvent offrir.
Nataliya Pekar
Boursière « Japanese Studies Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’octobre 2000 à septembre 2001
- Université Tokyo Gakugei
- Spécialité : Études japonaises
Je suis tombée en amour avec le Japon intuitivement, sans raison particulière. J'ai simplement su un jour, très fortement et sans la moindre hésitation, que le Japon était le pays que je souhaitais explorer, et que le japonais était la langue que je voulais apprendre. Mes parents et mes amis ont dû trouver ma décision étrange à l'époque! C'est à ce moment qu'a débuté ma longue quête à la découverte de ce pays et de cette culture à la fois unique et extraordinaire, et non seulement je n'ai jamais été déçue, mais cette aventure est devenue ma passion, mon hobby et éventuellement ma profession. Mon intérêt n'a cessé de grandir au fil des ans, et je continue à me sentir inspirée en songeant au fait qu'il reste encore tant de choses à apprendre et à découvrir.
Lorsque j'étais étudiante en quatrième année à la faculté des langues orientales, à compléter une majeure en études du Japon et de la langue japonaise, j'ai eu la chance de devenir l'une des rares étudiantes à recevoir une bourse du Ministère japonais de l'éducation (MEXT) pour effectuer mes études sous le programme d'étude du Japon au Tokyo Gakugei University au Japon. Bien sûr, pour obtenir cette bourse, j'ai dû réussir un examen de langue japonaise difficile, qui aura nécessité des années de préparation et de persévérance, mais ce furent des années d'études fascinantes, et éventuellement tout ce travail diligent a grandement porté fruit, puisque mon séjour d'études au Japon s'est avéré une expérience inoubliable, en changeant complètement ma vie, mais aussi ma perception des gens et des cultures.
C'était effectivement bien plus qu'une bourse. Le programme d'études m'a permis de m'intégrer au Japon et m'a donné l'occasion de complètement m'immerger dans la culture japonaise et dans un environnement de langue japonaise en étudiant, en participant à diverses activités, et en voyageant à travers le pays. Ce programme d'études était organisé de la meilleure façon possible, avec une grande sélection de cours qui n'étaient pas limités à la langue japonaise, mais qui comprenaient également une variété de sujets comme l'économie, l'éducation, la litérature, etc. J'ai assisté à ces cours aux côtés des autres étudiants japonais, sans compromis à mon égard comme locutrice non-native, et relever ce défi fut une grande récompense au final. Entourée de professeurs et d'enseignants merveilleux, je me suis sentie choyée.
L'unicité du programme de bourses du MEXT est qu'en parallèle avec mes études, j'avais les ressources me permettant de prendre part à diverses activités parascolaires à mon université, ou « bukatsu ». Il y en tellement, allant des sports et des arts martiaux aux langues et à la lecture! Devenir membre d'un bukatsu est une excellente façon de rencontrer de nouveaux gens, de pratiquer la langue, et éventuellement d'apprendre davantage sur le Japon qu'il ne serait possible en lisant seulement des manuels.
Durant le temps que j'ai passé au Japon, j'ai rencontré d'autres étudiants qui provenaient d'un peu partout dans le monde. C'est une expérience formidable de découvrir de nouvelles cultures, d'en apprendre plus sur la vie dans d'autres pays, et de réaliser à quel point nous sommes différents et semblables à la fois. Le japonais était notre langue commune pour communiquer, la langue que nous utilisions au quotidien, durant les cours, en parlant de nos pays respectifs, et durant toutes sortes d'événements. Je ne peux imaginer de meilleure immersion pour maîtriser authentiquement la langue, et je crois fortement que mon apprentissage d'une langue aussi difficile n'aurait pas été aussi réussi sans le temps précieux que j'ai passé au Japon comme étudiante.
Actuellement, je suis très heureuse d'être connectée au programme MEXT en participant à diverses activités avec le Consulat Général du Japon à Montréal, comme des foires pour étudiants internationaux, des sessions d'information pour les étudiants qui souhaitent apprendre le japonais ou effectuer leur recherche dans différents domaines d'études au Japon, des sessions d'orientation pré-départ pour les boursiers qui ont été sélectionnés pour participer au programme de bourses du MEXT, etc. En tant qu'Anciens boursiers, nous sommes heureux de partager nos expériences, d'échanger, et de donner des conseils aux étudiants qui s'intéressent aux bourses du MEXT, et nous espérons que le nombre d'Amis du magnifique pays du Soleil-Levant continuera d'augmenter au Canada.
Guillaume Pelletier
Boursier « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’octobre 2002 à mars 2004
- Université de Tokyo
- Spécialité : Architecture
- Sujet : « L’esthétique de l’asymétrie dans le travail de Horiguchi Sutemi »
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Introduction
C’est lors de mes études en architecture à l’Université de Montréal que j’ai développé un intérêt pour l’architecture contemporaine japonaise. La découverte de revues d’architecture telle GA Japan, The Japan Architect, Shinkenchiku, a+u, et Jutakutokushu, me permit de découvrir une autre approche de l’architecture.
Une parenthèse d’un an à l’école d’architecture de l’Université de Toronto, où plus de la moitié des étudiants était d’origine asiatique à cette époque, vint renforcer ma curiosité pour l’Asie.
En 1999, un stage en architecture à Yellowknife me permit d’expérimenter plusieurs concepts de vie qui s’avèrent aussi être propres aux Japonais : le silence, la contemplation, le pouvoir d’évocation, la retenue, l’humilité, les astres, les roches, le soleil, etc. La force du paysage nordique amena une prise de conscience sur le sens de la vie. La sensibilité – au territoire, à la nature et à la culture – allait prendre tout son sens au Japon.
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Programme JET
C’est par l’entremise du Programme JET (Japan Exchange and Teaching), un programme gouvernemental japonais d’échange et d’enseignement de l’anglais, que je réussis à arriver au Japon à l’âge de 24 ans. Je vécus 2 ans à Susa-cho, petit village isolé de 4000 personnes sur la côte nord du Japon. Immersion totale. Découvertes sans fin. Apprentissage de la langue et des traditions. Visites de projets d’architecture traditionnelle et contemporaine.
Cette période a été enrichissante, humaine et humble. Le mercredi, j’assistais à des cours de japonais donné par des bénévoles; le samedi soir, je pratiquais la calligraphie de manière stricte et traditionnelle chez une professeure du village; le dimanche, je pratiquais la poterie chez un potier (exactement comme le film « Kamataki » de Claude Gagnon!), tout cela entrecoupé de marche en montagne, de vélo, de course à pied, de « nomikai » et de visites aux nombreux onsen environnants. Cette expérience en région éloignée me sert encore aujourd’hui et m’a toujours aidé à connecter avec les Japonais.
Programme de Bourses MEXT
J’obtins par la suite la Bourse MEXT « Research Students » qui est financée par le Ministère japonais de l’éducation pour poursuivre mes études en architecture à l’Université de Tokyo. Le passage de la campagne à la ville a été une adaptation facile et stimulante. Tokyo est une ville d’architecture et de design infini, sans limite. Les découvertes et les apprentissages ont été nombreux. En parallèle, la communauté étudiante internationale du dortoir Komaba-Todai-Mae m’a permis de découvrir plein d’autres cultures.
La période d’études pour ma maîtrise en architecture a somme toute été très agréable. Cela a été une opportunité en or pour visiter des projets, faire des lectures, rencontrer des gens et visiter des lieux et des espaces intéressants. La bourse m’a aussi permis de faire un stage non rémunéré dans un bureau d’architecte, ce qui était assez commun à l’époque au Japon. Cette période d’étude a été plutôt fantastique!
Travail au Japon
Une fois ma maîtrise complétée, je fus engagé chez Kengo Kuma et Associés. Ces années de stages ont été intenses, avec de longues heures de travail et des nuits blanches hebdomadaires. La production de plusieurs scénarios, dessins, documents de présentation, maquettes, etc. La recherche de la simplicité; la compétition. Ce fut une période d’extrêmes.
Une autre expérience, auprès de Makoto Yokomizo, chargé de projet de la Médiathèque de Sendai et élève de Toyo Ito, fut tout aussi riche et intense. Plusieurs projets conceptuels, compétitions et résidences s’ajoutent à mon curriculum à cette époque. Je suis resté en contact principalement avec cette dernière équipe de travail, et nous sommes devenus comme une famille. Nous sommes tous partis en affaires à notre rythme depuis, et nous nous regardons de loin par comparaison et par fierté.
Retour au Québec
Après presque 8 ans au Japon, une rencontre avec l’architecte Pierre Thibault allait m’emmener dans la ville de Québec en 2007. J’y fus architecte chargé de projets jusqu’en 2013, menant à terme plusieurs types de projets. Je suis revenu à Montréal par la suite pour ouvrir mon bureau d’architecture. J’ai aussi commencé à enseigner comme chargé de cours à l’université à cette époque.
Conclusion
Mon expérience en architecture au Japon me sert tous les jours dans ma vie personnelle et professionnelle. La culture, la nature et l’architecture sont des éléments fondamentaux que j’aime partager et qui aident à la création. Mon cabinet compte d’ailleurs plusieurs clients qui ont une connexion avec le Japon. J’organise aussi à l’occasion des voyages d’études et des ateliers universitaires pour faire découvrir aux étudiants québécois toute la richesse du Japon. Le Programme JET et le Programme de Bourses MEXT sont des initiatives exceptionnelles qui ont changé ma vie, et j’en serai toujours reconnaissant.
Henry Tsang
Boursier « Research Students » du MEXT
- Séjour au Japon : d’avril 2002 à mars 2006
- University of Tokyo
- Spécialité : Architecture
- Sujet : La croissance et le changement de l’architecture des hôpitaux d'après-guerre au Japon
![]() The University of Tokyo (2006) |
Introduction
Je m'appelle Henry Tsang et je suis un architecte enregistré au Québec et professeur d'architecture au Collège Herzing et à Keimyung University. En 2000, comme étudiant à l'école d'architecture de l'Université McGill, j'étais fasciné par le design et l'architecture du Japon. J'ai passé d'innombrables heures à la bibliothèque Blackader-Lauterman à lire des magazines « Shinkenchiku » et j'ai pris des cours de langue japonaise à l'école d'éducation permanente de McGill. En 2002, après avoir complété ma maitrise en architecture, j'étais déterminé à aller au Japon et j'ai appliqué pour la Bourse « Research Student » du Monbukagakusho. J'ai été admis au département d'architecture de l'école supérieure d'ingénierie à The University of Tokyo, pour effectuer des recherches à propos de la « planification des bâtiments de soins de santé » sous la supervision de Prof. Yasushi Nagasawa.
Le dortoir
À Tokyo, j'ai séjourné au Soshigaya International House, un dortoir à vocation internationale accueillant 300 boursiers MEXT qui étudient dans différentes universités à travers la ville. Cet édifice est situé dans le quartier de Setagaya, une zone résidentielle agréable, et avait l'avantage d'un loyer très abordable (400$/mois). Bien que ma chambre était petite (juste assez grande pour les essentiels!) et que la plupart des installations étaient partagées, il s'agissait d'un endroit formidable pour rencontrer des gens fascinants provenant de partout dans le monde.
L'Université
Comme étudiant-chercheur, j'ai consacré mon premier semestre à l'étude de la langue japonaise au centre international de The University of Tokyo. Le département d'architecture était situé dans l'édifice d'ingénierie no.1 sur le campus Hongo. Là-bas, chaque étudiant se voyait assigner un cubicule de travail, et c'est à cet endroit que j'ai consacré la plupart de mes jours à mes recherches. La plupart des activités gravitaient autour du « kenkyushitsu » (laboratoire), comme des séminaires hebdomadaires, des discussions, des excursions, des activités sportives, des « hanami » (pique-nique sous les cerisiers en fleurs), des « nomikai » (sorties dans les bars avec ses collègues), etc. Comme novice, j'ai été assigné à une tutrice japonaise, Ruka Kosuge, qui m'a montré les tenants et les aboutissants du milieu scolaire et qui m'a aussi aidé à m'adapter à la vie au Japon. J'ai eu l'occasion d'étudier auprès de professeurs de calibre mondial, comme Chiba Manabu, Hidetoshi Ohno, sans oublier Tadao Ando, récipiendaire du Prix Pritzker. En 2006, j'ai complété ma dissertation et commencé le long et ardu processus de « shushokukatsudo » (recherche d'emploi) pour dénicher un travail et demeurer au Japon.
Travailler au Japon
Comme étudiant, j'ai travaillé comme stagiaire pour acquérir de l'expérience dans des entreprises japonaises, et j'ai eu la chance d'être placé dans des firmes réputées comme Nikken Sekkei, AXS Satow, and le Environment Design Institute (EDI). Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai décroché un poste à temps plein au sein de Nihon Sekkei Inc, une firme d'architecture et de construction majeure située au cœur du quartier animé de Shinjuku. Étant donné mes compétences dans les langues étrangères, j'ai été assigné à la division des projets internationaux, et j'ai eu l'occasion de travailler sur des projets en Chine, au Honduras, au Nicaragua, aux Émirats Arabes Unis, au Vietnam, et en Indonésie. Après le tremblement de terre à Tôhoku en 2011, j'ai également contribué aux projets de reconstruction dans les préfectures de Miyagi et d'Iwate.
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Après MEXT
Je suis revenu au Canada en 2012 pour amorcer ma propre pratique comme architecte et comme enseignant. La Bourse MEXT m'a permis de faire e pont entre le Canada et le Japon, et elle continue à influencer ma carrière aujourd'hui. Depuis 2015, je suis impliqué dans l'Association des Ancien(ne)s Boursier(e)s MEXT Canadiens en tant que Vice-Président, pour établir un réseau entre les brillants chercheurs canadiens qui ont étudié au Japon. En parallèle, j'ai établi l'Association Canadienne des Ancien(ne)s de Tokyo University. De plus, j'ai été choisi par l'Ambassade du Japon pour représenter le Canada comme Chef de Délégation Nationale pour le « 2017 Next Generation Global Leaders Program - Ship for World Youth Leaders », organisé par le Bureau du Conseil des Ministres du Japon et soutenu par les Nations Unies.
Conclusion
La Bourse MEXT m'a ouvert les portes d'un tout nouveau monde. Cette opportunité d'étudier à l'une des universités les plus prestigieuses du monde, dans l'une des villes les plus dynamiques de la planète, m'a offert une expérience incomparable. Durant les dix années passées au Japon, je me suis immergé dans une nouvelle culture, j'ai appris une nouvelle langue, j'ai traversé de nouvelles frontières, je suis sorti de ma zone de confort pour croître et devenir un citoyen cosmopolite. Si vous êtes un(e) jeune étudiant(e) à la recherche de l'aventure d'une vie, cette bourse vous donnera cela et bien plus encore.
Christopher Yorke
Boursier « Research Student » du MEXT
- Séjour au Japon : d’avril 2006 à avril 2008
- Université de Tokyo
- Spécialité : Philosophie
- Sujet : « Le Japon et l’impulsion utopique »
Mon cheminement personnel pour devenir chercheur au Japon a commencé en Nouvelle-Écosse alors qu’étudiant universitaire de premier cycle, je nourrissais deux intérêts jumeaux, la philosophie et l’histoire japonaise. J’ai pu convaincre un gestionnaire au bureau du registraire de permettre qu’un cours d’introduction à la langue japonaise soit accepté comme un des prérequis de langue pour mon diplôme (seules les langues européennes étaient alors admissibles) et ces études ont fait croître davantage mon intérêt pour la culture japonaise. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai immédiatement participé au « Japan Exchange and Teaching Programme », enseignant l’anglais dans la Préfecture de Chiba au Japon pour un an, avant de revenir au Canada afin de poursuivre des études supérieures en philosophie.
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Peu après, j’ai découvert un sujet qui combinait mes deux champs d’intérêt en apparence disparates, soit la philosophie et les études japonaises, et j’ai postulé au MEXT afin d’effectuer des recherches à l’Université de Tokyo sur le milieu intellectuel de l’ère Edo. J’avais déjà visité le campus de façon informelle durant mon mandat JET et donc eu le privilège de rencontrer mon futur superviseur avant de postuler. Du fait que la majorité des textes fondamentaux étaient méconnus ou indisponibles dans les bibliothèques anglo-américaines, le meilleur – et vraisemblablement le seul – endroit où effectuer une recherche appropriée était au Japon : un fait qui a sûrement favorisé le succès de ma candidature.
Une fois sur place, un dévoué groupe d’étudiants japonais de philosophie du cycle supérieur se sont portés volontaires pour m’aider à traduire du japonais classique les textes clés et, afin que je comprenne bien leurs implications théoriques, m’ont fourni le contexte culturel requis. Malgré qu’ils n’avaient que peu à gagner de leurs efforts autre que ma gratitude et une connaissance approfondie du sujet, ces étudiants se sont consacrés à la tâche et ont contribué avec enthousiasme à mes séminaires hebdomadaires. Leur aimable collaboration me permit de faire progresser mon projet de recherche de façon significative. Mes homologues travaillant dans d’autres départements m’ont aussi souvent rapporté ce niveau de générosité de la part de leurs pairs japonais.
En y repensant, je peux dire sans hésitation que mon expérience en tant que Boursier MEXT a changé ma vie. Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir été offert cette excellente opportunité de poursuivre mes recherches avec le support complet de mon superviseur, de mon institution hôte et du Gouvernement du Japon. Pendant mon séjour à l’Université de Tokyo, j’ai eu l’occasion de publier une monographie ainsi que plusieurs articles et de voir s’ouvrir à moi des options de carrières que je n’avais encore jamais même considérées. Peut-être le plus important de tout : de nouvelles amitiés chaleureuses avec d’autres boursiers naquirent alors et perdurent encore à ce jour. Je recommanderais vivement cette expérience à quiconque possède les aptitudes et l’ambition d’en bénéficier.
En terme de conseils concrets pour les récipiendaires de Bourse MEXT éventuels et imminents, je souhaiterais offrir les suivants :
- Sachez ce que vous voulez retirer du programme. Espérez-vous convertir votre bourse de recherche en une bourse couvrant l’entièreté d’une maîtrise ou d’un doctorat dans votre institution hôte? Ou êtes-vous satisfait de rentrer au pays après avoir complété votre projet de recherche à court-terme? Vous devriez dès le début avoir une vision claire de vos buts académiques et vous informer quant aux processus bureaucratiques requis afin de les atteindre, car certains sont complexes et de longue haleine.
- Assurez-vous que votre superviseur et vous êtes sur la même longueur d’onde. Le plus grand défi de votre expérience MEXT pourrait se révéler être l’harmonisation constante de vos attentes et de celles de votre institution hôte. Communiquez tôt et communiquez souvent. Souriez. Faites des compromis. Suggérez des solutions lorsque la situation ne convient à aucun parti. Faites disparaître toute ambiguïté. Si vous ne prenez pas de moyens proactifs, une micro-culture d’entropie pourrait facilement s’établir et votre projet pourrait conséquemment en souffrir.
- Ne perdez pas votre objectif de vue. Il y a une panoplie de distractions qui tenteront d’attirer votre attention, en plus d’un potentiel choc culturel et d’un réajustement général à votre nouveau rôle. Vous pourriez alors être tenté de reléguer votre recherche à l’arrière-plan de votre nouvelle vie au Japon. Ne tombez pas dans le piège! Rappelez-vous que vous êtes essentiellement « au travail » pour la durée de votre bourse et qu’une fois le contrat de recherche terminé, vos pairs ou vos futurs employeurs s’attendront à ce que vous puissiez en montrer les résultats.
- Finalement : profitez pleinement de l’expérience!
Si vous avez poursuivi votre lecture jusqu’ici, vous êtes probablement suffisamment motivé(e) pour postuler pour une Bourse MEXT. Si vous êtes sélectionné(e), il y a fort à parier que vous vivrez la meilleure expérience de votre vie!